Tournage Les Neiges d’Antan
François Villon, poète de l’Urbanité, loin des imageries champêtres, au contact de l’Homme, celui de la rue, maitre, par ses propres actions, de son destin. Villon, existentialiste. D’où ce choix de filmer sous un pont. Outre sa symbolique forte – replis, exclusion, misère – la force des lieux – série de piliers, monumentale cathédrale, cris coloré des graffs, cet espace ouvert offre de grandes libertés de mouvement, de mises en scène, de jeux avec la matière – terre – poussière – eau – cendre– feu ( !!..)
Dans la religion chrétienne, le pont enjambe l’eau souillée,
« Le fleuve est horible e parfum de puant. »
et la porte des Enfers. Dans la légende arthurienne, il empêche ou autorise le passage des âmes. C’est le lieu des épreuves, le Purgatoire, où dans l’urgence de vivre ou dans une vie en bout de course, on tire ses dernières cartouches, on s’arrache les dernières plumes, on danse sur des débris et des os calcinés. Jeunesse et vieillesse confondues. La Mort plane donc dans Les Neiges, mais c’est moins sa personnification que sa hantise.
Décor d’opéra, pendrillons de béton, servant la danse de jeux d’apparition-disparition. Les musiciens, eux, comme décrochés du sol, surplombent, sur un élément du pont, sa voûte… des Annonciateurs, peut-être : Monsieur Loyal-chanteur et son Ange-harpiste. La danse, elle, est a contrario dans le Réel, foulant la terre et la poussière : elle est la Vie, sa dureté, son âpreté, sa fougue, son urgence.
Fée, sorcière, reine, guerrière, Beauté et laideur, Danse évanescente, terrienne, Grâce et crasse, Vive et vile, Parée et paumée…
À travers les femmes des Neiges, les épreuves du sol et de la Matière, les méandres et l’obscurité de l’âme, Villon, à mille lieux de l’isolement monastique et des doctrines religieuses, est en quête de Lumière. Villon spirituel et transcendantal.
« Où sont passé les Neiges d’Antan ? … »
Du Plein de Vie !! Sous ce Pont, cet Entre-Deux, on se demande dans la poussière de la Terre et pris dans le Feu des passions si on doit faire le Grand Saut dans L’Eau ou emprunter les Voies de l’Air. Le pont, au dessus, est passage, d’une Rive à l’Autre, les voies de la Lumière. Et au dessous, Ici-Bas, une fenêtre s’entrouvre sur une promesse de Bonheur, encadrement des piliers sur la Verdure et les notes cristallines de la Harpe…